Page 4 - Adec-Bulletin 04-2005
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Bulletin de l’Association “Les Amis de Comiac” (ADEC)                                                      Numéro 4 -  2005 -  Page 5


                                       CARNET DE GUERRE (14/18)




                  e carnet est cartonné, vert foncé. Il me-
             L  sure 9 cm sur 15 cm et contient 50 pa-                  EXTRAITS DU CARNET
             ges  lignées,  jaunies,  dont  38  ont  été  utili-
             sées. Les écrits qu’il renferme ont été rédigés   Le jour de la mobilisation a été le diman-
             entre  août  1914  et  février  1916  et  dès  les   che 2 août 1914 (1) et la guerre a été décla-
             premiers mots  nous entrons dans le vif du       rée le mardi 4 août 1914. Mon départ d’Au-
             sujet,  dans  le  témoignage,  dans  l’Histoire.   rillac a été le 6 août pour aller à Gap dans
             Retour  en  arrière  de  90  années.  L’écriture   les Alpes. Deux jours et demi de voyage, je
             est fine et serrée, le récit précis.             suis  passé  par  Arvant,  Clermont-ferrand,
                                                              St Etienne. Reparti de gap le 21 août 1914,
             Félix LACAMBRE,  (famille  Lacambre  du          encore  2  jours  et  1/2  de  voyage  par  Lyon,
             hameau de Boussac), décrit ce qu’il voit, ce     Grenoble. Les plaines de vignes sont toutes
             qu’il vit, ce qu’il ressent et il nous donne ses   noyées dans l’eau.
             avis  sans  fioriture.  Il  est  témoin  et  son  re-
             gard est essentiel.                              Départ  d’Aurillac  pour  aller  à  Gray  le  13
                                                              septembre. 2 jours et 1/2 de voyage à Demi-
                                                              gny (plaine de vignes), à Saint Loup (salle),
                                                              Allerey  (moulin  à  écuelles).  15  wagons
                                                              écrasés  complètement  par  un  tamponne-
                                                              ment. Reparti de Gray est. Passé à Colon-
                                                              gue, Dijon (jolie ville), la Forêt de Fontaine-
                                                              bleau  (de  grands  hôtels  dedans),  Melun,
                                                              Soisson  (jolie  plaine  de  froment),  Brunoy
                                                              (forêt), Nogent la peureuse, Paris (gare du
                                                              Nord),  Creil,  Compiègne  où  nous  sommes
                                                              descendus à la tombée de la nuit. Les alle-
                                                              mands y étaient depuis la veille.

                                                              Je me suis battu le 16 septembre où je fus
                                                              capturé. Nous avons été pris le 16 septem-
                                                              bre à 3 heures du soir au village de Mélico-
                                                              que, commune de Ribécourt, dans l’Oise, à
                                                              10 kilomètres de Compiègne.

                                                              Les  allemands  sont  arrivés  jusqu’à  Gray,
                                                              Senlis  et  Meaux  en  patrouilles  avec  les
             Fils de Jean Lacambre et de Thérèze Puech,       uhlans, ils se sont approchés de Paris à 25
             il  était  né  le  19  septembre  1886  à  Comiac   kilomètres et, en aéroplane, ils ont survolé
             (Boussac).                                       Paris en y jetant plusieurs bombes qui ont
                                                              occasionné des dégâts dans le mois d’août.
             Nous  transcrivons  ci-dessous  les  passages
             les plus importants de son carnet de guerre.     Une  compagnie  à  nous  était  en  première
             Nous avons seulement apporté quelques cor-       ligne et n’a pas pu tenir, elle a battu en re-
             rections  orthographiques  et  créé  des  para-  traite.  Ma  compagnie  est  alors  passée  en
             graphes pour faciliter la lecture, le texte ori-  première  ligne  à  300  mètres  d’une  autre
             ginal étant écrit en continu.                    compagnie. Quand on a vu que cette com-
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